Être un bon artiste : un défi de tous les jours 

Alors que Laurent vient de partir en vacances, c’est moi Charlotte qui reprend le flambeau de cette lettre hebdomadaire au mois d’août !
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J’ai pour ma part pris mes vacances au mois de Juillet que j’ai eu le bonheur de passer entièrement avec mes enfants.
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Malgré tout l’amour que je nous porte, la vie de famille à temps plein ce n’est pas simple… en tous cas pour moi.
On est assez loin d’une pub Kinder….

C’est le bazar, y a plein de vaisselle à faire et de repas à préparer, beaucoup d’inertie, des tas de chamailleries, on manque d’activités à faire quand il pleut, de cerveau disponible et de patience etc…
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Je vous passe bien sûr les détails de ma vie privée, mais si vous avez une vie de famille vous le savez bien.. la réalité du quotidien peut être assez éloignée de notre idéal.

Ça peut être éprouvant, blessant, décevant et même souvent culpabilisant !

Mais quand je me prends à ramer et à me décevoir dans ma parentalité, je m’accroche à l’idée de la « mère suffisamment bonne » .

Vous connaissez ce terme de “good enough mother” du psychanalyste américain Donald Winnicott ?
Il l’utilise pour déjouer les pièges et dénoncer les excès de l’idéalisation.
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​Il ne s’agit pas du tout d’être exceptionnelle.

Il conseille davantage d’être une “mère ordinaire, une mère normalement dévouée” et même tout juste “une mère acceptable”, comme le formule aussi Bruno Bettelheim.
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Winnicott valorise une mère qui s’ajuste, répond aux besoins de son enfant, mais laisse aussi la place à une forme de frustration en n’étant ni envahissante ni trop longtemps absente.

Quel rapport avec le dessin me direz-vous ?

La réalité du quotidien face à l’idéal artistique

• On idéalise trop souvent ce que devrait être un bon artiste​
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• On se dévalorise devant son manque de technique, de créativité, de légitimité.
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• On culpabilise de ne pas investir assez de temps dans sa pratique.
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• On essaie de se rattraper en passant des heures sur un super dessin qu’on finit par gâcher faute de concentration ou de méthode éprouvée et surtout par pression de résultat.
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• On se compare à ceux qui font mieux que nous et on juge durement nos productions ou notre manière de faire.​
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• On se rassure piètrement en regardant ceux qui s’en sortent moins bien que nous, toujours dans le jugement.
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• On en fait trop en surchargeant sa pratique de techniques diverses (dessiner des cheveux, des pieds, des oreilles, des ornithorynques) en pensant que c’est ce dont elle a besoin, alors qu’elle réclame simplement de la présence et de l’attention.

C’est assez triste comme état d’esprit, non ?

Appliquer le concept de “suffisamment bon” au dessin

Votre pratique du dessin, où qu’elle en soit dans sa croissance, c’est votre bébé, votre enfant, votre chéri d’amour de lapin en sucre adoré.

Soyez attentif aux besoins de votre pratique

• Et si au lieu de lui reprocher de ne pas encore être assez solide, mûre et autonome, vous vous demandiez quel cadre vous pouvez lui apporter pour qu’elle grandisse sereinement.
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• Et si au lieu de culpabiliser, vous analysiez vos manques et vos fragilités et vous mettiez en place des petites actions simples et concrètes pour y pallier et vous renforcer.
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• Et si vous ne lui en vouliez pas d’être différente de ce que vous aimeriez qu’elle soit. Et si vous vous laissiez plutôt surprendre par ce qu’elle devient ?

Ajustez-vous en fonction de votre pratique oui, mais aussi de vous !

• À quel moment manquez-vous cruellement de patience et de disponibilité ? à quel moment êtes-vous le mieux disposé et le plus disponible pour dessiner ?
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• Quel sujet, quel outil, quel rythme, quel espace de travail vous aident et vous soutiennent le plus dans votre démarche?
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• Dans quel contexte produisez-vous des dessins qui vous plaisent et vous réjouissent ?
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• et surtout, surtout… Passez-vous de bons moments ensemble ?

Soyez simplement présents et disponibles

• Dessinez régulièrement. ​
  Un bon parent n’est pas celui qui invite ses enfants une fois par an à disneyland, mais celui qui est présent au quotidien.
  Ce n’est pas non plus forcément celui qui fait le plus beau gâteau pour la kermesse de l’école et qui épate tous les autres mais celui qui nourrit le mieux qu’il peut ses enfants au quotidien, en tenant compte de son budget, du temps qu’il a pour cuisiner et de la taille de son plan de travail.

Faites avec là où vous en êtes

• Reconnaissez vos fragilités et n’ayez pas peur non plus de constater vos forces, vos acquis et vos progrès. ​
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• Vous avez le temps et le niveau que vous avez, et si ce n’est pas “plus” ou “mieux”, c’est parce que d’autres choses sont très importantes dans votre vie.​
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• La technique n’est pas une fin mais un moyen.
  ​Au diable la grande morale éducative..
  ​Contentez-vous de techniques simples, qui fonctionnent pour vous et appropriez-les vous vraiment.

Il n’y a rien à comparer. Restez concentré sur votre démarche.

Chacun son investissement, son apprentissage et son expérience.

Chaque pratique est différente…. et fort heureusement !!!

Le dessin c’est comme la vraie vie

Que cette analogie vous parle ou pas, le dessin c’est comme dans la vie.

On a tendance à placer l’art sur un grand piédestal, à le faire appartenir à un monde magique et brumeux sur lequel on n’aurait aucune prise.

Si la parentalité n’est pas votre truc, observez le ou les domaines où vous avez « réussi », ou disons, si vous êtes modeste, les domaines où vous ne vous en sortez pas trop mal.

Qu’il s’agisse de votre carrière, de votre potager, du dressage de votre chien, de votre vie sociale, de votre santé, etc
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​Comment vous y êtes-vous pris ?

Appliquez exactement le même état d’esprit et les mêmes techniques et laissez grandir ! 😉

c’est tout pour cette semaine !

J’espère vous avoir donné matière à déculpabiliser et à davantage prendre soin de votre pratique

👋 À la semaine prochaine !

Charlotte