Apprendre à dessiner : progresser sans courir après le temps
Le chemin de l’apprentissage du dessin est passionnant, mais il peut aussi sembler interminable. Soudain, vous vous demandez si vous avancez assez vite ou, au contraire vous hésitez à passer à l’étape suivante. Dans le doute vous vous arrêtez souvent pour chercher des réponses ou des validations extérieures.
Rien d’alarmant en soi, sauf quand ces questions, à force de tourner en boucle dans votre tête, brident votre progression et érodent votre motivation.
Dans cet article, nous partageons des stratégies simples pour vous aider à structurer votre apprentissage, contourner les obstacleset profiter pleinement de votre parcours.
Au cours de nos années d’études nous avons expérimenté(et parfois subi) tous types d’apprentissages, de la discipline rigoureuse au laisser-aller.
Alors, depuis que nous sommes passés de l’autre côté, nous nous appliquons à mixer le meilleur des 2 mondes pour vous aider à mieux prendre en main votre apprentissage du dessin afin que vous n’ayez plus à choisir entre la caresse et le fouet.
1. Identifier les freins et les pièges courants dans l’apprentissage du dessin
Impatience et validation extérieure
Je vous propose de commencer par la fin: Que se passe-t-il quand vous avez fini un dessin ?
Ne soyez pas trop surpris par cette question. Après tout, on peut considérer que l’achèvement d’un dessin sert de point de départ pour le suivant. Mais comme on a souvent du mal à juger de ce qu’on a produit, on hésite sur la suite à donner, n’est-ce pas ?
Dans ce cas, on sollicite un retour rapide sur son travail et tout est réglé. On se sent rassuré et guidé. Mais ce n’est que temporaire, car si vous vous en remettez systématiquement à un avis extérieur, vous risquez de perdre l’habitude de réfléchir par vous-même.
J’ai connu un élève qui sollicitait spontanément mon avis à la fin de chaque exercice. Un jour, je lui ai retourné la question:“Et toi, tu en penses quoi ?”
Il est resté sans voix. En fait, il n’avait jamais pris le temps de considérer son propre travail.
Pourtant, le meilleur moyen d’obtenir une réponse utile c’est de se poser une question qui a pris le temps de se formuler clairement. Sinon vous recevez en échange un avis ou un conseil qui a toutes les chances de tomber à plat.
L’avantage avec une bonne question, c’est qu‘elle contient une partie de la réponse. Alors, au lieu de les redouter quand elles pointent leur nez, apprenez à les accueillir sereinement.
Rembrandt dans son atelier
La peur du manque
Quand on apprend à dessiner, il y a plein de choses qu’on ne sait pas. C’est peut-être frustrant mais, pour apprendre, mieux vaut ne pas faire entrer tout le savoir d’un coup. Ce serait inefficace, et même contreproductif.
Il faut donc mettre certaines choses de côté et les réserver pour plus tard, quand le moment sera venu.
Mais comme le manque est inconfortable à vivre, on cherche à le combler dès qu’il se présente, c’est humain. Alors on saute sur son clavier et on lance google à la recherche de ceci ou cela, on regarde des vidéos en séries, on lit des articles, on achète une troisième boite de pastels, mais mieux…
Soudain, on ne sait plus ce qu’on cherchait mais une chose est sûre : on n’a pas tellement dessiné.
Pourtant le dessin s’acquiert surtout par la pratique et s’en priver au profit d’une quête stérile n’est pas la bonne solution.
Voici 3 actions simples qui vous aideront à rester concentré sur l’essentiel:
Réduisez au strict minimum les contraintes matérielles
Notez ce qui vous préoccupe pour décharger votre esprit
Sensation de retard et insatisfaction
Sur votre chemin, il est probable que vous rencontriez de la frustration. C’est inévitable, car vous voulez apprendre plus vite et dessiner mieux.
Mais vous recevez une foule de signes qui vous indiquent que vous n’y êtes pas et c’est difficile de les ignorer. En effet, contrairement à la musique, la fausse note n’est pas passagère. Elle reste apparente comme une tache.
Si rater, fait partie de l’expérience du dessin il faut avancer avec. Mais dites vous que vous n’êtes pas seul: tous les artistes ratent un nombre incalculable de fois !
Ainsi, dans les lettres qu’il adressait à son frère Théo, Vincent Van Gogh partageait son angoisse de l’échec. Pourtant, il considérait ses erreurs comme une part essentielle de son chemin artistique.
Alors, voici 3 conseils qui vous aideront à soulager votre sentiment d’insatisfaction:
Considérez chaque erreur comme une opportunité de progrès ( si vous ne la voyez pas, vous ne pouvez pas vous améliorer ).
Considérez chaque dessin comme une étape faisant partie d’un ensemble plus vaste ( un dessine raté n’est pas la fin du monde, il en reste tant à faire ).
Ne vous fixez pas d’objectifs trop durs à atteindre ( votre objectif n’est pas une destination fixe, mais un point qui se déplace avec vous, à mesure que vous progressez )
Rembrandt avançant sur son chemin
Mais pour soutenir votre progression, vous avez besoin d’un cadre qui vous permet de ne pas dériver.
2. Structurer son apprentissage pour progresser sans pression
Séparer les temps de théorie et de pratique
Pour éviter la confusion, apprenez à compartimenter votre apprentissage. En effet, il n’y a rien de plus néfaste que de vouloir tout faire en même temps.
Par exemple, Mohamed, un de nos abonnés, a récemment posté ce commentaire sur notre plateforme de cours:
Malin… car en séquençant ainsi son apprentissage Mohamed assimile mieux la théorie avant de passer à la pratique. En effet, pour que l’action soit bénéfique, l’information doit reposer.
Mais ce n’est pas tout, car il se place dans de bonnes dispositions en se préparant à réaliser une tâche précise et facilite ainsi sa concentration.
Tout comme lui, vous pouvez essayer de changer de lieu ou de posture pour chaque type d’apprentissage car cela aide votre cerveau à mobiliser sur le champ les compétences appropriées.
C’est comme cela que l’on crée de bonnes habitudes.
Bloquer et protéger son temps
Pour maximiser vos chances d’apprentissage et ne pas vous laisser déborder par le temps vous devriez faire 2 choses:
bloquer du temps
protéger votre temps
En effet, en fixant des rendez-vous récurrents, vous favorisez la régularité de votre pratique. C’est comme un engagement qui vous aide à tenir le cap et entretient votre motivation. Mais pour que cet engagement soit durable, il doit s’intégrer à votre style de vie, à vos disponibilités et à votre expérience.
Ainsi, préférez des séances courtes et régulières. 30 minutes de concentration de qualité valent mieux que 2 heures désorganisées.
Alors, mesurez votre temps, mais surtout, protégez-le!
Fermez la porte, éteignez votre téléphone et créez un rituel qui vous immerge pleinement. Sanctuarisez votre espace de travail et ne laissez personne vous déranger.
Hammershoi : une femme concentrée dans sa bulle
Après votre séance, avant de revenir doucement à votre quotidien, prenez le temps de faire le point.
3. Instaurer une autoévaluation simple et motivante
Dresser le bilan de chaque session
Après chaque session de dessin, posez-vous ces 2 questions :
Qu’est-ce qui a bien fonctionné aujourd’hui ?
Que puis-je améliorer pour la prochaine fois ?
Ne pensez pas seulement au résultat que vous avez obtenu mais incluez dans votre bilan vos ressentis ou d’autres aspects, comme la qualité de votre concentration.
Ne vous appesantissez pas sur ce petit compte rendu: 10 minutes suffisent pour relever des éléments simples qui permettent des ajustements rapides qui améliorent la qualité de vos sessions sur la durée. Vos grands progrès à venir reposent sur de petites actions régulières.
Faire un bilan mensuel
Élargissez votre champ de vision pour prendre en compte votre progression en passant en revue l’ensemble de votre production sur une durée donnée.
Vous consolidez vos acquis en procédant à une sorte de révision
Vous renforcez votre confiance en constatant votre progression
Vous préparez l’avenir en ajustant vos priorités.
Considérez ce bilan comme un point GPS qui indique où vous en êtes et permet de visualiser le cap à suivre lors de la prochaine étape.
Non seulement ces moments de réflexion vous préparent à avancer plus efficacement mais ils allègent votre charge mentale.
Prenez du recul et regardez le chemin parcouru ( peinture de Friedrich)
4. Planifier des actions concrètes pour dessiner efficacement sans créer de surcharge mentale
Louis Pasteur disait:“L’avenir sourit aux esprits bien préparés”.
En effet, il n’y a rien de pire que de se mettre au travail sans but précis. C’est le meilleur moyen de sauter du coq à l’âne et de se sentir débordé.
Si, au contraire, vous prenez l’habitude de planifier votre séance, vous n’aurez aucun mal à vous mettre au travail car vous saurez où vous allez.
Alors fixez-vous un objectif clair pour chaque session en supprimant les listes de tâches interminables et les objectifs trop lointains qui ne correspondent pas à votre situation présente.
Apprenez à évaluer l’action qui vous semble la plus importante et donnez-lui la priorité absolue. C’est sur sa réalisation que vous jugerez la qualité de votre séance.
Voici quelques idées pour votre prochaine session de dessin :
Préparez-vous à l’avance ( la veille c’est bien )
Donnez-vous un objectif simple et écrivez-le simplement
Choisissez un thème de travail qui soutient cet objectif
Projetez-vous dans la durée que vous vous êtes impartie
Organisez votre déplacement si vous dessinez à l’extérieur
Prévoyez à l’avance les supports et les outils nécessaires
Rangez tout le matériel ou les références qui ne sont pas sollicités
Envisagez le nombre de dessins que vous réaliserez…
Soyez spécifique et concret pour simplifier la mise en action car c’est en planifiant votre prochaine session que vous resterez concentré et détendu.
5. Équilibrer les exercices pour un apprentissage fluide
Exercices essentiels vs exploratoires
Cette réflexion de Christine, une de nos élèves, reflète un paradoxe de l’apprentissage: Plus on en sait, moins on est libre.
C’est pourquoi il est utile de lâcher la bride du contrôle de temps en temps en s’accordant des séances récréatives pour conserver l’esprit ouvert à la découverte.
Soyez certain qu’en vous éloignant un peu des règles vous ne perdrez rien de vos acquis. Au contraire, ils seront confortés en s’adaptant à de nouvelles situations !
Alors n’hésitez pas à mettre un peu de joie et de surprise dans votre apprentissage pour le maintenir abordable et motivant.
Équilibrer la difficulté
Le stress est un élément essentiel à l’apprentissage et celui-ci croît à mesure que la difficulté augmente.
Donc, si un apprentissage est trop facile, il vous ennuie. Mais si la difficulté est trop importante, votre stress monte en pic et vous tétanise.
Il est donc important de doser la difficulté des exercices pour vous offrir des challenges abordables qui vous gardent motivé comme au premier jour.
Un conseil: allez-y progressivement.
N‘avalez pas votre apprentissage technique comme un sirop amer, en espérant qu’il produira des effets bénéfiques sur le long terme. Appréciez, chaque gorgée et ne différez pas vos victoires !
6. Cultiver un état d’esprit durable et positif dans le dessin
Prioriser le progrès sur la perfection
On a tous des artistes qui nous ont donné envie de nous mettre au dessin. Ce sont des guides qui défrichent le chemin que nous empruntons. Vous pouvez les prendre en exemple, mais, de grâce, ne vous comparez pas à eux ! Vous auriez tôt fait de vous décourager… La seule comparaison qui vaille c’est avec vous-même.
Dites-vous que, de toute façon, vous serez toujours perfectible. Alors pensez comme Ingres:
Alors prenez le temps de devenir vous-même et n’essayer pas de ressembler à quelqu’un d’autre.
N’oubliez pas de regarder d’où vous venez et apprenez à vous réjouir de vos progrès constants, car ils sont les seuls indicateurs fiables de votre avancée.
Accordez de l’importance au repos et à la patience
L’apprentissage n’est pas une course. Imaginez-le comme un escalier irrégulier où chaque marche représente une révélation ou une compétence nouvelle. Parfois, certaines marches semblent plus hautes à gravir, mais elles conduisent toujours à une vue plus dégagée.
L’expérience de Fanny, une de nos élèves, montre que le plaisir est dans le chemin et qu’il faut respecter le temps nécessaire à son accomplissement. La patience est un allié sûr dans l’apprentissage du dessin.
Alors, accordez-vous le droit à des pauses pour assimiler les apprentissages et souvenez-vous, dessiner ne signifie pas toujours produire. Observer, réfléchir ou même explorer d’autres formes d’art enrichit également votre pratique.
Nourrissez votre curiosité
S’ouvrir à d’autres formes d’art ou d’expression est un bon moyen de renouveler votre pratique du dessin car, pour exceller dans ce domaine, vous n’avez pas besoin de vous y adonner exclusivement.
Après tout, Claude Monet était un grand peintre mais aussi un jardinier passionné qui consacrait beaucoup de temps et d’énergie à cette activité.
Claude Monet dans son jardin
Explorer des champs parallèles stimule l’imagination et apporte un souffle nouveau à votre travail.
Qu’il s’agisse de musique, de couture ou de cuisine, laissez ces activités enrichir votre regard et votre manière de créer. Vous développerez ainsi une vision plus personnelle et authentique.
Apprécier le chemin
Apprendre à dessiner, c’est comme voyager. Ce n’est pas seulement la destination qui compte, mais également ce que vous découvrez en chemin. Alors ne cherchez pas à brûler les étapes ni à atteindre une perfection illusoire car chaque erreur, chaque pause, chaque tentative vous rapproche de votre objectif.
Vous n’êtes pas toujours responsable du temps dont vous disposez, c’est vrai, mais vous pouvez choisir comment l’utiliser. Alors, ralentissez, savourez, et laissez votre pratique s’épanouir à son propre rythme !
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