Comment dessiner des cheveux, des oreilles, des orteils... ?
Comment dessiner des cheveux, des oreilles, des orteils, des coccinelles, des ornithorynques ?
En me baladant sur internet, je retrouve souvent ce genre de préoccupations :
- Comment faire pour dessiner des oreilles ?
- Comment dessiner des cheveux ?
- Comment dessiner un animal ? Je sais faire les chevaux, mais pas les chats.
- J’arrive à faire les brunes, mais pas les blondes…
Une quête de "recettes" de dessins
Je me moque un peu, mais ce n’est pas méchant.
Je sais bien que si ces questions sont posées, c’est qu’il y a un manque cruel d’enseignement et de compréhension du dessin.
Ceux qui veulent apprendre sont souvent totalement livrés à eux-mêmes.
Ils cherchent des solutions, des recettes qui marchent.
La recette d’un fondant au chocolat diffère de celle d’un flan au caramel.
Il doit donc bien y avoir quelque part une recette qui marche pour chaque sujet !
des artistes spécialisés et leurs sujets de prédilection
Oui, il y a des sujets différents en dessin.
Les artistes se spécialisent d’ailleurs dans leurs sujets…
On connaît la passion de Rosa Bonheur pour les animaux, l’appétit de Sargent pour les drapés, l’intérêt d’Ingres pour les portraits, ou encore celui de Van Gogh pour les tournesols…
À force de s’investir et de creuser leurs sujets, les artistes gagnent en aisance. Ils développent des réflexes adaptés, voire même des “trouvailles” pour traduire tel ou tel sujet. Ils développent un vocabulaire et une créativité graphique pour traduire au mieux leur sujet.
Moi-même, je préfère la figure au paysage urbain. Je suis donc moins à l’aise dans le dessin d’architecture. J’ai plein d’astuces à partager concernant le portrait, qui est mon sujet de prédilection.
existe-t-il des recettes pour chaque sujet de dessin ?
Mais y a-t-il pour autant des recettes pour tel ou tel sujet de dessin ?
Sortons de la métaphore culinaire et transposons cette préoccupation graphique au domaine de la littérature…
le champ lexical et la syntaxe en dessin
Chaque sujet possède son champ lexical, certes.
- “Yeux”, “nez”, “bouche” pour un portrait par exemple.
- “Horizon”, “bosquet” pour un paysage.
Mais ce vocabulaire n’est utile que s’il est investi dans une juste structure de phrase.
Parce qu’utilisé seul, ce vocabulaire n’a aucun sens !
Horizon- bosquet – boue – nuage ne sont pas une description.
C’est une liste.
Et franchement, (Georges Perec mis à part) quel intérêt de lire une liste de mots ?
C’est leur articulation qui nous tient en haleine. Qui nous inclut dans l’histoire qui est racontée. Qui nous permet de nous projeter.
Une liste, ce n’est pas engageant. C’est chiant.
l'importance de la syntaxe dans le dessin
Bien plus que le vocabulaire spécifique, c’est la syntaxe, la grammaire et le vocabulaire basique qui portent la description et la narration.
L’écrivain connaît et manipule la structure du langage : des noms, des verbes, des propositions, des compléments, des adjectifs, etc.
On est ravis qu’il ait du vocabulaire.
Mais avant tout, on attend de lui qu’il sache rédiger des phrases compréhensibles et organiser un récit.
la syntaxe du dessin : Construction - valeurs - Geste
Le langage du dessin fonctionne de la même manière. La syntaxe du dessin est composée de la construction, des valeurs et du geste.
Oui, chaque sujet correspond à un vocabulaire précis. Quoiqu’en étant créatif, on peut décrire un paysage comme un visage et vice versa. Mais se poser la question d’un vocabulaire spécifique à son sujet avant de maîtriser les bases du langage du dessin, c’est mettre la charrue avant les bœufs.
C’est un peu comme si vous vouliez apprendre le biélorusse du monde de la finance avant d’être capable de dire “bonjour”.
concentrez-vous sur la syntaxe du dessin !
À ceux qui cherchent des recettes ou qui se posent des questions de vocabulaire, je vous conseille vivement de vous concentrer sur la syntaxe !
- Sortez de votre sujet !
- Apprenez à la place la grammaire du dessin !
Ci-dessous un portrait de Käthe Kollwitz qui dessine ses visages comme des paysages
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