« Je ne cherche pas je trouve » la célèbre citation expliquée :
Picasso n’aimait pas théoriser lui-même sur son art – laissant ce travail aux critiques – mais il a toutefois laissé un nombre assez conséquent de pensées.
On les retrouve sous forme de boutades, de lettres, d’entretiens retranscrits ou de conversations libres entretenues avec ses amis artistes, écrivains, poètes, journalistes, galeristes etc
Incisif, parfois drôle, provocant, et même souvent volontairement contradictoire, il lançait ici et là des maximes qui, tout en étant très accessibles, traduisent le fond d’une pensée complexe et d’une grande vivacité.
Nombre de ses phrases particulièrement percutantes sont devenus légendaires et notamment celle ci :
"je ne cherche pas je trouve " : une citation qui frappe fort
Pour ceux qui débutent dans leur pratique artistique , ce genre de petite phrase ne fait que creuser encore davantage le fossé qui sépare le génie créatif et les autres.
Elle est tellement belle et bien bouclée cette phrase qu’on ne peut qu’en être admiratif et en même temps qu’est ce qu’elle est agaçante et péremptoire !
Et pour cause, cette citation célèbre qui date de 1926 semble d’abord très arrogante !
Elle apparaît comme l’affirmation claire d’un sentiment de supériorité, l’énoncé d’ une forme de compétition dans laquelle Picasso, comme pour nous narguer, se proclamerait vainqueur. “Moi Picasso je trouve pendant que vous autres, bande de galériens, cherchez.”
Nous pourrions nous arrêter à cette première impression car la réputation de Picasso le précède. Et sa personnalité n’était ni la plus tendre ni la plus humble ni la plus altruiste.
Mais, creusons tout de même un peu plus loin.. Car cette formule d’un point de vue artistique, pédagogique et même philosophique est plus riche et signifiante qu’elle n’en a l’air.
Derrière son apparente simplicité et son évidente provocation, voyons ce que cette phrase peut nous apprendre.
L'art de l'action selon Picasso : Trouver c'est agir
On oublie souvent la première partie de cette phrase “On me prend d’habitude pour un chercheur. Je ne cherche pas, je trouve”.
Si Picasso refuse qu’on l’assimile à un chercheur c’est parce que la recherche peut évoquer une sorte d’errance vague et impalpable, en attente d’aboutissement.
Le fait de « trouver » en revanche, suppose une réalisation concrète, un agir immédiat, l’action !
Picasso rejette donc ici, en la mettant en exergue, l’inertie potentielle de l’état de recherche et se positionne lui en trouveur actif.
La Frénésie Créative de Picasso : Une Vie Entière Dédiée à l'Art
D’ailleurs Picasso aurait beaucoup “trouvé” puisque d’après wikipedia ’il aurait produit au moins 50 000 œuvres. Dont 1 885 tableaux, 1 228 sculptures, 2 880 céramiques, 7 089 dessins, 342 tapisseries, 150 carnets de croquis et 30 000 estampes.
Aux dires de ses proches et sans grande surprise, Picasso était un féru de travail, sa pratique frénétique l’absorbait entièrement.
“Donnez moi un musée et je le remplirai” disait il également.
Le résultat c’est qu’aujourd’hui plus de 7 musées portent son nom en Europe.
Agir quel que soit les conditions
Certains parlent même d’invasion Picasso et nous devons dire que nous mêmes, surtout à l’époque où nous étions lycéens et étudiants, nous n’en pouvions plus des expositions Picasso.
Picasso et Rodin, Picasso et Matisse, Picasso et Goya, Picasso et l’antiquité, Picasso et l’Afrique, Picasso par ci Picasso par là..
Plus de 4000 expositions lui ont été consacrées, et il semble que de nouvelles œuvres étaient sans cesse trouvées, montrées, vendues, mises en valeur et associées aux pratiques d’autres artistes.
Qu’on en ait marre de Picasso ou pas, il est indéniable qu’il n’a pas chômé !
Coline Zellal, co- commissaire de l’exposition : “Picasso, chefs d’œuvre”, explique d’ailleurs comment il se moquait bien des hiérarchies entre ses travaux.
« Il ne place pas une œuvre au-dessus d’une autre” dit-elle.” Un petit dessin sur une nappe vaut autant qu’un immense collage sur lequel il passe plusieurs mois.
La preuve, il a tout gardé tout au long de sa vie. »
Il n’a pas fait de tri pour éviter que la postérité ne retienne que ses oeuvres majeures. »
Toute situation est une occasion de créer
Picasso “fait” et il adapte son action à toutes les vitesses, à tous les formats, à tous les matériaux sans attendre ou chercher à provoquer des conditions de travail idéales.
Toute situation est une occasion de travail et il la saisit.
Picasso nous encourage donc à ne pas fantasmer mais à faire,
à ne pas hésiter mais à faire,
à ne pas attendre mais à faire.
Car, pour le dire autrement, c’est en forgeant qu’on devient forgeron.
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